Ports de Normandie, regroupant les ports de Cherbourg, Caen et Dieppe, affiche une baisse générale des trafics en 2020 de 12,2% à 5,7 Mt. Des aménagements des différents sites devraient permettre de redémarrer rapidement. Un article d'Hervé Deiss de Ports et Corridors
Les trois ports regroupés au sein de Ports de Normandie ont eu le double effet de la crise sanitaire et du Brexit en 2020. Qu’il s’agisse de Dieppe, de Caen-Ouistreham ou de Cherbourg, les trois ports ont été confrontés à la baisse de l’activité économique liée à la crise sanitaire. De plus, le Brexit entré en vigueur le 1er janvier 2021 a eu des effets sur les derniers mois de l’année.
Globalement, Ports de Normandie affiche des résultats consolidés en baisse de 12,2% à 5,7 Mt. Les deux principaux courants des ports de l’ouest se réalisent sur le Transmanche et sur le trafic de marchandises conventionnelles.
Transmanche: l’effet de stockage
Le trafic Transmanche a perdu, en 2020, 14,5% à 4,8 Mt. En nombre de camions, la baisse est atténuée puisqu’elle se limite à 5,9% à 178 657 unités. Pour la direction générale de Ports de Normandie, la crise sanitaire a eu des effets sur le trafic Transmanche. « En fin d’année, nous avons vu les effets de stockage des opérateurs britanniques avec une progression des trafics », nous a confié Philippe Deiss.
Recul du trafic fret sur l’Irlande de 11,2%
Le trafic fret vers les îles britanniques se divise entre celui destiné au Royaume-Uni et celui en direction de l’Irlande. Les flux avec le Royaume-Uni demeurent majoritaires en 2020 avec 3,8 Mt, en baisse de 15,3%. En nombre de poids lourds, les liaisons avec cette destination ont représenté 144 769 unités. Avec l’Irlande, le tonnage est en recul de 11,2% à 956 946 t. Une baisse qui tient à Stena Line. L’opérateur d’origine suédoise a suspendu des liaisons pendant le courant de l’année.
Non-accompagnés: une hausse de 22% avec le Royaume-Uni
En 2020, le trafic de remorques non accompagnées a enregistré une progression de ses flux. Avec 43 040 unités traitées dans les différents sites de Ports de Normandie, le non accompagné a progressé de 10,4%. L’an passé, la nouveauté a été la bonne progression de ce type de flux avec le Royaume-Uni qui a amélioré ses trafics de 22% à 22 796 unités. Les remorques non accompagnées avec l’Irlande ont pour leur part baisser de 0,2% à 20 244 unités.
Éviter le Landbridge
« En 2021, les liaisons directes sur l’Irlande devraient connaître un nouveau dynamisme », nous a expliqué le directeur général de Ports de Normandie. En effet, traditionnellement les camions empruntent le lien routier britannique (Landbridge) pour rejoindre le continent. Les conditions actuelles du Brexit et les obligations nouvelles incitent les chauffeurs à préférer désormais des liaisons directes entre l’Irlande et la France.
Un bénéfice qui pourrait jouer en faveur des ports français pendant un certain temps. « Quand les processus se seront installés pour le long terme, nous verrons un tassement de la progression », nous a avoué Philippe Deiss.
Fret conventionnel: en progression de 2,4%
Du côté du fret conventionnel, le trafic affiche une hausse de 2,4% à 940 829 t. Une progression tirée surtout par les trafics de bois et produits forestiers qui sont revenus sur le site de Caen. Un retour qui tient, selon le directeur de Ports de Normandie, aux améliorations opérées sur le chenal d’accès du canal de Caen. En 2019, des travaux ont été menés pour l’embectage de l’avant-port. Menés au cours de l’année, ils permettent d’accueillir des navires de plus fort tonnage.
Céréales: la bonne campagne 2019 a permis une progression du trafic
En plus du trafic de bois, les céréales ont gagné 13,5% à 369 261 t sur l’année civile. Le premier semestre a été dopé par une campagne céréalière avec une production importante. La seconde moitié de l’année a été plus difficile avec une récolte en baisse. Outre le trafic de bois, les engrais ont profité du dynamisme de l’agriculture. Ils gagnent 28,4% à 94 390 t.
Des pales d’éoliennes en provenance du Havre
Les trafics pour les éoliennes ont pour leur part connu une baisse de trafics. Les trafics liés aux éoliennes terrestres ont perdu 50% et ceux pour les éoliennes offshores ont disparu. Une situation que le directeur de Ports de Normandie tempère. L’installation de l’industriel Van Oord sur le site de Cherbourg pour le champ éolien de Saint Brieuc a commencé. Toujours sur le site de la Manche, EDF va installer son hub pour les éoliennes des prochains champs. Le port de Cherbourg va recevoir pour les nouveaux champs comme celui de Fécamp les pales d’éoliennes qui seront construites par l’usine Siemens actuellement en construction au Grand port maritime du Havre.
Extensions réalisées
Les énergies marines renouvelables demeurent un relais de croissance important pour Ports de Normandie. Les réalisations d’extensions des terminaux sur Cherbourg et Caen-Ouistreham entrepris depuis 2015 portent aujourd’hui leurs fruits. Le port de Dieppe va aussi participer à cette dynamique. Il devrait devenir la base de maintenance du champ éolien du Tréport.
Réaménagement du port de Caen-Ouistreham
Pour les prochains mois, Ports de Normandie continue ses investissements. Sur l’activité Transmanche, des travaux sont prévus pour améliorer l’attractivité du port. Sur le site de Caen-Ouistreham, le port va être réaménagé. Des travaux sont en cours pour renforcer le talus le long du terminal ferry. « Nous recevons des navires de plus fort tonnage dont la navigation a des effets sur nos installations. Nous avons constaté des affaissements à différents points. Les travaux vont renforcer ke talus sur l’ensemble du canal de Caen », nous a expliqué Philippe Deiss.
Poste de contrôle dans le terminal ferry
Outre ces travaux, à Caen-Ouistreham, le bâtiment des Phares et Balises sera déménagé pour laisser la place à un poste de contrôle pour les trafics en provenance du Royaume-Uni. À Dieppe, les choses sont plus compliquées. Le terminal ferry est installé entre la falaise et la mer. Le poste de contrôle se situe aujourd’hui à 12 km du terminal. Des travaux sont prévus pour rapprocher ce poste à moins de 3 km du terminal. À Cherbourg, le terminal intègre le poste de contrôle.
Autoroute ferroviaire de Brittany Ferries: un départ par jour
Outre ces travaux, les opérations pour les liaisons avec l’Angleterre va s’améliorer sous l’impulsion de l’armement Brittany Ferries à Cherbourg. Alors, Ports de Normandie va construire un terminal ferroviaire. Il accueillera la ligne avec Bayonne. « Cette offre pour des remorques non-accompagnées viendra en complément de nos offres sur l’Irlande et le Royaume-Uni depuis ce port », continue Philippe Deiss. La ligne devrait démarrer en fin 2022, indique Ports de Normandie et Brittany Ferries avec un départ par jour dans chaque sens.
En Normandie, les trois ports de Caen, Cherbourg et Dieppe continuent de jouer un rôle essentiel dans les liaisons avec les îles britanniques. Dans le cadre du verdissement annoncé par le plan de relance, Ports de Normandie a déjà pris plusieurs longueurs d’avance.
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