Au dernier jour de la deuxième opération « ports morts », des chiffres circulent sur les pertes causées par le blocage, mais il est encore trop tôt pour dresser un bilan, même si de nombreux acteurs du monde portuaire s'alarment de la situation. Pour le troisième jour consécutif, la Fédération nationale des ports et docks (FNPD) de la CGT appelle à bloquer les ports de Dunkerque, Le Havre, Rouen, Nantes Saint-Nazaire, La Rochelle, Bordeaux et Marseille. Les ports du Havre, de Nantes Saint-Nazaire et Marseille sont particulièrement touchés. C’est la deuxième fois qu’une opération de ce type est menée, ce mois-ci, mais en réalité de nombreux blocages plus ponctuels ont eu lieu depuis le 5 décembre. La FNPD-CGT entend ainsi faire pression pour obtenir le retrait du projet de loi sur les retraites.
Dans un communiqué, mercredi 22 janvier, Haropa (l’ensemble portuaire Le Havre, Rouen, Paris) prévient que « ces blocages ont des conséquences lourdes sur l’ensemble de l’axe Seine : perte de compétitivité et d’attractivité face aux autres ports européens, risque immédiat et à long terme sur l’emploi ». Haropa affirme notamment que « depuis décembre, les 14 jours de grève et de blocages complets ont généré une perte de près de 100.000 EVP et près de 300 emplois » et que l’opération « ports morts » a conduit à annuler une centaine d’escales. Par ailleurs, « 100 millions d'euros ont déjà été perdus depuis le début du conflit sur le port de Marseille-Fos avec 33 millions d’euros de pertes directes pour l’économie locale », a assuré pour sa part, le 21 janvier, Jean-Luc Chauvin, président de la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence. A Nantes/Saint Nazaire, le président de la CCI, Yann Trichard a estimé les pertes liées aux opérations ports morts « à plusieurs millions d'euros ».
La présidente de l’OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens) a dénoncé, pour sa part, une opération « complètement suicidaire ». Les fédérations de transporteurs TLF, TLF Overseas et FNTR ont aussi demandé aux pouvoirs publics le déblocage des ports et des mesures de soutien spécifiques.
Mardi, Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’Etat chargé des Transports, et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, ont reçu les fédérations professionnelles de la filière du transport de marchandises et de la logistique française. Ils ont annoncé des mesures destinées à accompagner les entreprises du secteur, en particulier l’accélération du remboursement de la TVA et du CICE, le report d’échéances sociales ou fiscales, l’étude d’un plan d’étalement des créances, ou encore l’obtention ou le maintien d’un crédit bancaire via Bpifrance. M. Djebarri a expliqué devant le Sénat qu’un bilan économique par place portuaire sera dressé, « afin de prendre en compte au mieux les coûts liés aux mouvements sociaux ».
Les annonces ont été fraîchement accueillies par les fédérations de transporteurs. « Autant les constats sur l’impact catastrophique pour l’ensemble de la filière sont partagés, autant aucune solution n’a été proposée par le gouvernement pour pallier les dizaines de millions d’euros de pertes sèches par port depuis le début du mouvement le 5 décembre dernier. La résilience du secteur a atteint ses limites », ont-elles réagi dans un communiqué commun.