Sept ans après son arrivée dans le port de Saint-Nazaire, le vieux vraquier Aspet, devenu Zorturk, est enfin en cours de déconstruction. Victime d’une voie d’eau en juillet 2009 alors qu’il faisait route d’Hull vers Lisbonne, le navire, construit en 1983, s’était dérouté vers le port ligérien pour s’y mettre à l’abri. Il ne l’a plus jamais quitté depuis. Contrairement à d’autres bateaux ventouses qui peuplent régulièrement les ports, le Zorturk avait la particularité de toujours avoir un propriétaire déclaré, pendant longtemps un noyau d'équipage et il fut même racheté par un armateur turc ayant pignon sur rue. Des travaux de remise en état avaient même été entrepris par son nouveau propriétaire. Mais les procédures s’éternisent, le navire est déclaré inapte à reprendre la mer, il est saisi par le tribunal de commerce de Saint-Nazaire et ce n’est finalement qu’en 2014 qu’un protocole d’accord est signé entre le port et le propriétaire du bateau.

Le Zortürk peu après son rachat (©MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Le Zortürk est en forme 3 depuis novembre 2014 (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)
Le « tas de ferraille », comme l’appelle désormais Francis Bertrand qui suit le dossier pour le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire, aura mobilisé beaucoup d’énergie et surtout immobilisé des capacités d’exploitation portuaire qui ont fait manquer des marchés aux industriels locaux, notamment dans la réparation navale. « On estime à 700.000 euros le manque à gagner généré par la présence du Zorturk, qui en raison de ses problèmes structurels, devait obligatoirement rester en forme ». Des bateaux qui auraient pu être entretenus dans la forme 3 qu’il occupe actuellement ont dû être, à l’image de la drague D’Artagnan, dirigés vers la grande forme Joubert et cet effet de domino a été, au bout du compte, bien pénalisant pour la place portuaire.
Découpage et levage d'éléments de superstructures (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)
Les choses se sont cependant accélérées depuis un an. Grâce à l’arrêté préfectoral de septembre 2014 autorisant le démantèlement de navire dans les formes de radoub de Saint-Nazaire, le GPM a pu lancer les diagnostics, amiante notamment, et les procédures d’achat pour trouver un prestataire pour le démantèlement du Zorturk. Ce qui a été chose faite en février 2016, la société Séjourné (groupe Veolia) ayant été sélectionnée. Elle a entamé le chantier deux mois plus tard, c'est à dire tout récemment.
Eléments de la passerelle (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)
L’oxycoupage des superstructures est actuellement en cours, ce sera ensuite au bloc moteur d’être retiré, avant de passer à la coque elle-même. Les travaux devraient être terminés en juillet. La forme pourra ensuite revenir à sa destination d’origine, « la réparation navale principalement, et la construction navale si des projets devaient émerger prochainement ». Neopolia, qui a assemblé l’Elbe Princesse dans une forme voisine, pourrait être un des porteurs de projets intéressés.