Immobilisé à Saint-Nazaire depuis l’été 2009 suite à une voie d’eau qui avait failli provoquer son naufrage, le cargo Zortürk peut-il échapper au ferraillage ? On en doute de plus en plus autour du bassin de Penhoët. Le navire est revenu en cale sèche le 17 décembre. Ce nouveau passage dans la forme 3, que l’ex-Aspet avait bloqué pendant deux ans avant d’en sortir en 2011, vise à le remettre en état afin qu’il puisse enfin quitter l’estuaire de la Loire. Mais, sur les quais, l’ambiance n’est pas au beau fixe. Selon certaines sources, il manquerait de l’argent pour mener à bien les réparations. Les travaux effectués seront-ils suffisants pour autoriser le bateau à reprendre la mer ? Ce sera aux Affaires maritimes de le dire à l’issue de prochaines inspections à bord.
Le propriétaire à jusqu’à la fin février pour effectuer les réparations
Du côté du Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire, auquel ce navire abandonné avec son équipage par son armateur initial a créé beaucoup de problèmes, on se montre aujourd’hui serein. Il faut dire que l’autorité portuaire a pris ses dispositions pour que, quoiqu’il arrive, le Zörturk disparaisse du paysage dans les prochains mois. « Une convention a été signée avec le propriétaire du navire, qui a jusqu’à la fin février pour le réparer. Si ce n’est pas le cas, cette convention stipule que le port en deviendra propriétaire et nous lancerons alors un appel d’offres pour le démanteler », explique Jean-Pierre Chalus, président du Directoire du GPMNSN. Prenant les devants, le port a obtenu l’an dernier l’autorisation de déconstruire des navires dans les formes de radoub du bassin de Penhoët, là où se trouve le vieux cargo fluviomaritime de 154 mètres construit en 1983. Tout est donc prêt pour le faire découper si son propriétaire ne parvient pas à le remettre en état dans les délais impartis. « Si c’est le cas, nous lancerons une consultation auprès d’opérateurs privés pour mener à bien la déconstruction ». Une procédure qui ne prendrait, selon le port, que quelques semaines, en vue de débuter les travaux au printemps.

Le Zortürk en 2013 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
La porte n’est pas fermée pour d’autres projets de démantèlement
Quant à savoir si d’autres navires pourraient être démantelés à Saint-Nazaire, Jean-Pierre Chalus rappelle que la demande d’autorisation pour cette activité a été initiée afin de trouver une solution pour se débarrasser du Zortürk. « Le but n’est pas de créer une filière », rappelle le président du Directoire, qui ne ferme toutefois pas la porte. « Nous allons regarder avec les acteurs locaux et nous nous adapterons le cas échéant à ce que souhaitent les entreprises », explique-t-il, en soulignant que la déconstruction de navires est une activité impliquant de nombreuses contraintes : « Il y a des problématiques liées à la santé et à la sécurité au travail, les vieux bateaux contenant des produits dangereux, comme de l’amiante et des peintures au plomb. Et puis cela engendre des nuisances, notamment les poussières et le bruit. Or, il y a des riverains car les bassins sont dans la ville ».

Le vraquier AG Vartholomeos (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
L’AG Vartholomeos toujours immobilisé
On rappellera enfin qu’un autre navire « ventouse » occupe le port de Saint-Nazaire. Il s’agit de l’AG Vartholomeos, sous le coup d’une procédure de saisie depuis décembre 2013. Alors qu’une partie des créanciers aurait été remboursée, le sort du navire, même si sa longue immobilisation pose des problèmes de place, parait moins préoccupant que ne l’était celui de l’ex-Aspet. Plus récent, le vraquier de 225 mètres de long et 75.000 tonnes de port en lourd date de 1995 et présente encore une certaine valeur.