Le port de Nantes Saint-Nazaire a connu cette semaine une nouvelle action de Greenpeace dans le cadre du combat de l’organisation écologiste contre la déforestation. Le 31 mai, ses militants s’étaient enchainés aux grilles de Sea Invest sur le terminal agroalimentaire de Montoir, où sont importées des cargaisons de soja en provenance notamment d’Amérique du sud. Un produit destiné à l’alimentation du bétail. Lundi 7 juin, ils sont revenus à la charge, cette fois contre le Cabrillo, un vraquier de 225 mètres et 75.000 tonnes de port en lourd en provenance du port brésilien d’Aratu, près de Salvador, dans l’Etat de Bahia. A bord, une cargaison de soja. L’équipe de Greenpeace, sur des semi-rigides, a rejoint le navire au large de l’estuaire de la Loire, et peint sur sa coque « STOP DEFORESTATION ». Cela, malgré les tentatives de l’équipage d’empêcher cette action au moyen de lances à incendie. La Gendarmerie maritime, intervenue pour ramener l’ordre, a escorté le lendemain le navire jusqu’au terminal de Montoir, où il est arrivé vers 5 heures du matin. Les opérations de déchargement étaient en cours hier.
Cette action intervient alors que le Brésil connait une accélération de la déforestation, via notamment des incendies volontaires, aux fins de créer de nouvelles terres agricoles. La région du Cerrado, où s’étend une immense savane couvrant un cinquième de la surface du Brésil, est notamment touchée. « Le cargo a quitté le port de Salvador, dans l’État de Bahia le 24 mai et transporte 60 000 tonnes de tourteaux de soja en provenance du Cerrado destinés à nourrir nos animaux d’élevage. Cette nouvelle action fait suite au blocage d’un entrepôt de soja dans le port de Saint-Nazaire par les activistes de Greenpeace. Elle intervient alors que de nouveaux chiffres catastrophiques ont été publiés la même semaine par l’Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil : les incendies en Amazonie et au Cerrado ont battu des records jamais vus depuis 14 ans. L’institut de surveillance dénombrait près de 4000 foyers d’incendies sur le seul mois de mai pour ces deux écosystèmes. Plusieurs mois avant le pic annuel des incendies, ce record inquiétant laisse présager le pire pour la saison estivale qui sera cette année encore frappée par des incendies criminels qui détruisent les écosystèmes forestiers », affirme Greenpeace.
Selon Cécile Leuba, chargée de la campagne Forêts à Greenpeace France : « Des cargos remplis de soja comme le Cabrillo, la France en accueille entre 60 et 70 chaque année. C’est un volume considérable ! Nous ne pouvons plus continuer à regarder ailleurs et à laisser entrer dans nos ports des navires pleins de soja, alors que l’on sait que cette culture est une des causes majeures de la déforestation et de la destruction d’écosystèmes en Amérique du Sud. Malgré les beaux discours du Président Emmanuel Macron et de son gouvernement en faveur des forêts tropicales, ce sont chaque année 3,5 millions de tonnes de soja que nous importons pour nourrir nos animaux d’élevage. Et pendant ce temps, la déforestation et les incendies en Amazonie et au Cerrado battent des records alarmants. Il y a urgence à agir ! Le gouvernement français doit s’emparer du problème sans attendre et prendre des mesures réellement contraignantes pour s’assurer que la France ne contribue plus à détruire ces précieux écosystèmes via ses importations ».
Plusieurs ports français sont concernés par l’importation de soja et tourteaux de soja, comme Lorient et La Rochelle. Celui de Nantes Saint-Nazaire occupe une position de leader dans ce domaine, les importations d’aliments du bétail, comprenant une part importante de soja mais aussi d’autres produits céréaliers, ayant représenté en 2020 un volume de 2.24 millions de tonnes.
© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans consentement du ou des auteurs.