Tahiti accueille en ce moment même la toute première conférence de l’association américaine The Seasteading sur son concept de villes flottantes auquel le gouvernement du territoire polynésien accorde désormais une grande attention. En début d’année, un mémorandum a ainsi été signé portant sur un projet de trois plateformes énergétiquement autonomes de 2500 mètres carrés, destinées à accueillir, en plus de projets immobiliers, des start-ups innovantes notamment dans les biotechnologies. D’un coût estimé entre 30 à 50 millions de dollars, le projet serait installé en zone économique exclusive.
The Seasteading a été créé en 2008, par Patri Friedman, petit-fils de l’économiste libéral Milton Friedman, et Peter Thiel, cofondateur de Paypal, actuellement proche de Donald Trump. Leur idée d’origine relevait à la fois d’une prouesse technologique mais également de la mise en œuvre d’un nouveau type de gouvernance, proche de l’idéal libertarien : créer une communauté sur une ville flottante hors de toute zone de souveraineté nationale permet de s’affranchir de la notion d’Etat.
Si l’idée de base a évolué et que certains membres fondateurs, dont Peter Thiel se sont quelque peu désengagés, l’association cultive toujours cette notion regroupant à la fois une autonomie politique couplée à un territoire dédié à l’entrepreneuriat.
« Nous sommes persuadés que la première étape est de rendre le concept de Seasteading non seulement possible mais également durable : technologiquement, légalement et financièrement », explique l’équipe. « Le coût de la vie sur l’océan doit être suffisamment bas et les possibilités de faire des affaires suffisamment prometteuses pour qu’il y ait une incitation économique à vivre sur ces nouvelles plateformes. Actuellement, le coût élevé de l’ingénierie en haute mer est une barrière et y empêche l’entrepreneuriat. Cela nous a donc amené à nous intéresser à des solutions moins onéreuses, dans les eaux territoriales d’une nation hôte, mais en gardant toujours comme objectif l’obtention d’une économie politique pour de nouvelles expériences de gouvernance ».
Est-ce dans ce sens que le projet tahitien pourrait aller ? S’il devait voir le jour, il serait nécessaire d’aménager un tout nouveau cadre juridique, règlementaire et fiscal puisqu’il n’y a pas réellement de précédent en la matière. Et il faudrait sans doute également un consensus politique à la fois local et depuis la métropole.