Le chantier d’élargissement du canal de Panama, qui en était au 31 décembre 2013 à 72% d'achèvement, pourrait être stoppé d’ici la fin du mois. Une menace du consortium en charge du projet, qui réclame de l’Etat panaméen, via l’autorité gérant le canal (PCA), le paiement de surcoûts à hauteur de 1.6 milliard de dollars. L’extension de l’ouvrage centenaire, qui relie les océans Atlantique et Pacifique depuis 1914, est en effet marquée depuis son lancement par des retards et dépassements de budgets. Problèmes techniques, études géologiques insuffisamment précises, aléas climatiques… Le chantier cumule les difficultés et sa facture a explosé. Au point que le groupe espagnol Sacyr, leader du consortium menant les travaux, a annoncé le 2 janvier son intention d’interrompre le chantier s’il n’obtenait pas une rallonge financière de la part de PCA, qu’il juge responsables d’une grande partie de ses déboires. Face à la gravité de la situation, la ministre espagnole de l’Equipement est arrivée hier au Panama afin de rencontrer le président du pays et tenter de trouver une solution. Mais Madrid a d’ores et déjà fait savoir, par la voix de son ambassadeur sur place, que le gouvernement espagnol ne comptait pas soutenir financièrement le groupe de BTP ibérique, à la tête de Grupo Unidos por el Canal (GUPC).

Le chantier du canal de Panama (© : PCA)

Le chantier du canal de Panama (© : PCA)
Un projet majeur pour le pays et le commerce international
Regroupant également l’Italien Salini Impregilo et le Belge Jan De Nul, ce consortium a remporté en 2009 l’appel d’offres pour l’élargissement du canal. Un contrat de 3.12 milliards de dollars avait alors été signé afin de permettre à l’ouvrage d’accueillir des navires bien plus gros, jusqu’à 400 mètres de long pour 50 mètres de large (soit par exemple des porte-conteneurs de plus de 13.000 EVP, contre 5000 aujourd'hui). Pour cela, certaines parties du canal sont élargies, alors qu’un nouveau jeu d’écluses est mis en place, entrainant des travaux titanesques. Initialement, la fin du chantier était prévue pour octobre 2014 mais il est clair que, quoiqu’il arrive, le nouveau passage ne sera pas opérationnel avant l’an prochain. Tout dépendra des négociations entre les industriels et les autorités, qui ne peuvent évidemment prendre le risque de se retrouver avec un chantier à l’abandon. Le Panama compte en effet sur l’extension du canal pour capter une part bien plus importante du trafic maritime transocéanique. Enfin mis au niveau de Suez, l’ouvrage offrira de nouvelles perspectives pour le commerce entre l’Occident et l’Asie. Avec, en ligne de mire, une augmentation significative des recettes liées aux frais de passage des navires.